Crise et complexité: Apports pour le développement d’une intelligence rythmique

Elisabeth Adler Kaufmann, Chaos, circa 1970 (Eau forte et aquarelle) (Photographie: M. Alhadeff-Jones)

Elisabeth Adler Kaufmann, Chaos, circa 1970 (Eau forte et aquarelle) (Photographie: M. Alhadeff-Jones)

Pour une crisologie?

En 1976, André Béjin et Edgar Morin ont coordonné un numéro spécial de la revue Communications intitulé «La notion de crise ». Les contributions à ce volume offrent à la fois un état des lieux très pointu sur la manière dont ce terme est mobilisé dans différentes disciplines académiques (philosophie, histoire, sociologie, économie, etc.) et en même temps une vision large et profonde de ce qu’implique le recours à la notion de « crise » dans une perspective transdisciplinaire. A ce titre, l’article conclusif, rédigé par Morin (1976) et intitulé «Pour une crisologie? » ouvre un horizon de réflexions particulièrement riche, étayé par la compréhension à la fois sociologique, historique et épistémologique qui caractérise la pensée de l’auteur et sa contribution au paradigme de la complexité. Fréquemment cité dans des textes ultérieurs portant sur les aspects psychologiques, organisationnels et socio-historiques des crises (e.g., Barus-Michel, Giust-Desprairies & Ridel, 1996; Roux-Dufort, 2000), cet article apparaît aujourd’hui comme un texte incontournable pour qui s’intéresse à la notion de crise en sciences humaines.

En s’appuyant sur la contribution de Morin, l’objectif du présent texte est d’identifier en quoi une approche complexe des phénomènes de crise est digne d’intérêt dans une perspective rythmologique. Lorsqu’on évoque la notion de rythme, c’est intuitivement à travers des phénomènes de répétition qu’on tend à se la représenter. Il apparaît ainsi un peu contre-intuitif d’envisager les aspects discontinus et non-répétitifs qui caractérisent l’évolution de la plupart des phénomènes organisés (naturels ou vivants) traversant des épisodes de crise, comme autant d’expression des rythmes qui en sont constitutifs. Dans la continuité d’une réflexion antérieure sur les relations entre théories de la complexité et théories rythmiques (Alhadeff-Jones, 2018), le texte qui suit cherche donc à établir en quoi une compréhension complexe des crises renvoie à une approche rythmologique et inversement, il tente d’ouvrir des pistes pour entrevoir comment une intelligence des phénomènes rythmiques pourrait participer à une meilleure compréhension de la complexité des phénomènes crisiques. 

Trois principes pour concevoir une théorie des crises: systémique, cybernétique et néguentropique

L’article de Morin (1976) s’articule en trois parties. La première présente les trois principes requis, selon l’auteur, pour concevoir une théorie des crises et propose, ce faisant, trois niveaux d’analyse. La seconde partie introduit dix composantes qui apparaissent comme centrales pour rendre compte du concept de crise. La troisième partie évoque trois rapports entre phénomènes de crise et transformation. La présente analyse se centre sur la première partie de l’article. Selon Morin, pour concevoir la crise, il convient en premier lieu d’aller au-delà des notions de perturbation, d’épreuve, de rupture d’équilibre, et envisager la société comme système capable d’avoir des crises. Pour ce faire, il est nécessaire de « … poser trois ordres de principes, le premier systémique, le second cybernétique, le troisième néguentropique, sans quoi la théorie de la société est insuffisante et la notion de crise inconcevable » (Morin, 1976, p.149). Les sections qui suivent définissent ces trois niveaux d’analyse, les illustrent à partir d’exemples tirés du contexte actuel de pandémie, et établissent des liens avec une approche rythmologique. 

Niveau systémique

Comme Morin le rappelle, l’idée de système renvoie à un ensemble organisé par l’interrelation de ses constituants. « Pour qu’il y ait système, il faut qu’il y ait maintien de la différence, c’est-à-dire le maintien de forces sauvegardant au moins quelque chose de fondamental dans l’originalité des éléments ou objets ou interrelations, donc le maintien, contrebalancé, neutralisé ou virtualité, de forces d’exclusion, de dissociation, de répulsion. » (Morin, 1976, p.150). A ce niveau d’analyse, l’aspect fondamental réside dans le fait que tout système organisé repose sur des équilibres qui impliquent à la fois des complémentarités et des forces antagonistes. Deux postulats systémiques sont ainsi proposés: (1) L’unité complexe du système à la fois crée et refoule des antagonismes; (2) les complémentarités systémiques sont indissociables d’antagonismes. Et Morin de préciser: « Ces antagonismes demeurent soit virtuels, soit plus ou moins contrôlés, soit même … plus ou moins contrôlants. Ils font irruption quand il y a crise, et ils font crise quand ils sont en éruption. » (p.151).

On peut illustrer ces deux postulats dans le contexte de pandémie actuel. La crise sanitaire met ainsi en évidence les complémentarités et les antagonismes qui existent de manière fondamentale dans toute société: dans les logiques de justifications qui fondent les actions entreprises au sein de différentes sphères d’activité de la société (domestique, santé, éducation, économie, politique); entre les générations (jeunes plus ou moins protégés du virus, personnes âgées plus vulnérables); mais aussi entre principes de responsabilité individuelle (libre arbitre) et collective (exercice d’un contrôle social). De même, la crise sanitaire met en exergue de nombreuses disparités au sein de la population, relatives par exemple à l’accès à l’information, à l’éducation, aux soins, ou aux aides financières. Ces disparités révèlent également des antagonismes potentiels ou réels dans les manières dont les personnes pensent, ressentent ou se comportent face aux effets de la crise.

Les deux postulats systémiques formulés par Morin conduisent donc à s’intéresser aux complémentarités et aux antagonismes qui sont constitutifs en tout temps d’un système, mais qui sont révélés par la présence de tensions vives en situation de crise. D’un point de vue rythmologique, on peut d’emblée relever que la présence d’un antagonisme peut constituer un critère déterminant pour définir l’émergence d’un phénomène rythmique, caractérisé par une structure, un motif ou un pattern différentié (Sauvanet, 2000). Dans la continuation de la pensée de Bachelard (1950) qui envisage le rythme comme l’expression d’un « motif de dualité », on peut dans une perspective systémique, concevoir l’émergence d’un phénomène rythmique comme étant inhérente à l’apparition d’une relation particulière, à la fois complémentaire et antagoniste, entre les éléments d’un système organisé. En d’autres termes, là où il y a antagonisme, il y a potentiellement émergence d’un rythme, et là où il y a rythme, il y a potentiellement antagonisme et complémentarité.

Niveau cybernétique

Alors que le niveau systémique de l’analyse porte sur la nature des interrelations entre les éléments d’un système, le niveau cybernétique s’intéresse plus spécifiquement aux processus de régulation (feedback positifs ou négatifs) qui permettent de maintenir le système en équilibre (homéostasie) sur la base des antagonismes en présence. Comme l’évoque Morin (1976, p.151, souligné par Morin): « Quand on considère les systèmes de complexité cybernétique … la machine, la cellule, la société, c’est-à-dire comportant des rétroactions régulatrices, on constate que l’organisation elle-même suscite et utilise des comportements et des effets antagonistes de la part de certains constituants. C’est dire qu’il y a aussi de l’antagonisme organisationnel. »  La régulation d’un système repose donc sur l’action antagoniste d’un ou plusieurs éléments sur d’autres éléments du système, dès que ceux-ci varient au-delà d’une zone de tolérance, menaçant la stabilité, l’homéostasie, voire l’intégrité du système: « Ainsi l’antagonisme ne porte pas seulement en lui la dislocation du système, il peut contribuer aussi à sa stabilité et sa régularité. » (Morin, 1976, p.152).

Si on reprend l’exemple de la pandémie de COVID-19, les processus de régulation, par implémentation de feedback négatifs (inhibition) ou positifs (renforcement) sont omniprésents dans les stratégies de régulation sanitaires, sociales, politiques, et économiques. La stratégie de confinement constitue l’exemple emblématique de l’implémentation au niveau social d’un feedback négatif, reposant sur l’isolement physique, afin de contrôler la diffusion du virus au sein d’une population et de maintenir en équilibre le système de soin responsable de la prise en charge des personnes contaminées. De manière antagoniste, le besoin de contacts sociaux ressenti par la population conduit de manière régulière un certain nombre de personnes à s’exposer au virus et, ce faisant, à faire augmenter le nombre de contaminations. Lorsqu’on s’intéresse aux effets socio-économiques de la pandémie, les mécanismes de feedback occupent également une place déterminante dans l’évolution de la crise. Ainsi, le renforcement des prises en charge des personnes ne pouvant plus travailler et l’accompagnement financier des ménages ou des entreprises qui souffrent des effets du ralentissement de l’activité, reposent sur le principe de feedback positif. Le renforcement de certains flux financiers (p.ex., distribution d’aides), en contrebalançant la tendance antagoniste inhérente à la diminution de l’activité économique, a ainsi pour objectif de maintenir un certain équilibre économique et social. 

En mettant l’accent sur les mécanismes de régulation d’un système, le point de vue cybernétique porte l’attention sur la dimension organisationnelle et les effets régulateurs des antagonismes en présence. Il conduit également à s’intéresser à la nature des fluctuations à travers lesquels un système se maintient en équilibre. D’un point de vue rythmologique, ces processus de régulation et les fluctuations qui y sont associées manifestent la présence d’une activité fondamentalement rythmique. Très tôt, dans l’émergence de la pandémie, la reconnaissance de certains de ses rythmes s’est manifestée sur le registre de l’analogie avec des « vagues » (ou plus récemment avec les effets « yo-yo » associés aux mesures de contraintes implémentées). De même, cette rythmicité s’exprime très clairement dans les statistiques de la pandémie, qui restituent de manière quantitative l’évolution périodique des contaminations. Ainsi, la présence de boucles rétroactives (feedback positifs ou négatifs) se traduit à travers le déploiement au fil du temps d’une activité rythmique. Inversement, le déploiement de phénomènes rythmiques suggère la présence de mécanismes de régulation.

Niveau néguentropique

Si l’entropie renvoie à la tendance naturelle d’un système organisé à évoluer de manière irréversible vers la dispersion et le désordre, le niveau néguentropique d’analyse renvoie dans la pensée de Morin aux conditions requises pour qu’un système soit en mesure de se réorganiser de manière permanente, voire de développer sa complexité au fil du temps. Dans cette perspective, les antagonismes présents au sein d’un système permettent la régulation de ses processus (principe cybernétique), en même temps qu’ils comportent en eux le risque de sa désintégration, voire de sa « mort », dans la mesure où plus ils se déploient, plus ils contribuent à la dispersion des éléments du sytème. Morin rappelle ainsi que toute organisation se maintient soit en demeurant immobile (système figé et statique), soit en mobilisant de l’énergie qui permette de compenser et de contrôler les forces d’opposition et de dissociation (antagonismes) qui font tendre le système vers la dispersion. En cela, l’accroissement d’entropie (désordre) au sein d’un système dynamique correspond à une dégradation énergétique ou organisationnelle qui a pour effet de libérer des antagonismes, lesquels entraînent désintégration et dispersion (Morin, 1976, p.152). En allant au-delà d’une analyse en termes de complémentarité-antagonisme, ou de mécanismes de régulation (inhibition-renforcement), l’analyse néguentropique interroge les modalités de transformation et d’évolution d’un système organisé, ainsi que les ressources dont il dispose pour lui permettre de s’entretenir, et de s’inscrire dans une histoire qui prend également en considération la « mort » possible du système. 

En regard de l’évolution de la pandémie de COVID-19, une lecture néguentropique interroge l’irréversibilité des processus engagés pour faire face au virus et à ses effets morbides sur la santé des individus et celle des collectivités. Les effets mortels du virus sont l’exemple le plus flagrant du potentiel destructeur de cette crise (sur les victimes et leur entourage). Plus largement, une autre illustration s’impose à travers l’exemple de la fatigue qui s’accumule depuis le début de la crise. On la retrouve évidemment chez les professionnels de la santé qui sont aux premières lignes de la lutte. On la retrouve également dans tous les métiers exposés aux tensions suscitées par l’incertitude et les effets délétères de la pandémie (enseignants, thérapeutes, travailleurs sociaux, etc.), mais aussi dans le secteur économique, en raison du stress induit par l’imprédictibilité qui demeure. La fatigue apparaît ainsi comme l’un des phénomènes qui traduit une résultante de tous les efforts de régulation consentis. Cette fatigue renvoie ainsi au risque d’épuisement des forces vives qui entretiennent la société (ménages, hôpitaux, écoles, commerces, instances politiques, etc.) Elle suscite des peurs légitimes dans la mesure où l’épuisement des capacités sociales à réguler la crise, renvoie à la libération de forces aux effets potentiellement destructeurs en regard du fonctionnement démocratique (fragmentation et radicalisation des positions, atteintes au dialogue démocratique, remise en question de la légitimité des discours scientifique, contestations de la légitimité des pouvoirs politiques, etc.) En même temps, une lecture néguentropique conduit à s’intéresser à la créativité mise en oeuvre au sein de la société pour se renouveler. Ici, l’exemple des avancées technologiques et scientifiques mises en oeuvre est révélateur de la capacité d’innovation et des progrès qu’elle permet d’envisager pour faire face, présentement et à l’avenir, à des menaces du même type.

Si une lecture cybernétique de la crise revient à réduire son évolution à la périodicité des bouclages rétroactifs mis en oeuvre pour réguler les désordres introduits par l’émergence d’un événement désorganisateur (l’apparition et la diffusion d’un virus), une lecture néguentropique l’aborde sous l’angle des processus de (ré-)organisation et de l’irreversibilité de l’histoire dans laquelle elle s’inscrit. D’un point de vue rythmologique, on pourrait ainsi formuler l’idée selon laquelle la nécessité pour tout système d’avoir à se réorganiser en permanence, conduit à dépasser une lecture plaçant l’accent sur la périodicité des processus de régulation rythmés. Elle renvoie davantage à la dimension générative (ou dégénérative) de ces phénomènes. Ainsi, la présence de phénomènes rythmique peut être associée soit à l’émergence de nouveaux attributs contribuant de manière irréversible au potentiel renouvellement du système, soit à la disparition de certains des processus qui participaient jusque là au maintien de l’intégrité du système. Le premier cas de figure renvoie à l’effet de « syncope » auquel fait référence Sauvanet (2000) pour rendre compte de la manière dont une discontinuité peut contribuer à renouveler le « mouvement » d’un rythme. Dans le second cas, on observe plutôt la disparition de ce qui produit le rythme, en raison de la dispersion des éléments qui en sont constitutifs. Ainsi, la nécessité pour une organisation de se recréer renvoie à une double mouvement rythmique, caractérisé: (1) par la possibilité de voir émerger des patterns d’activité originaux impliquant un degré de complexité potentiellement plus élevé (expressions d’une capacité créative, génératrice, propre au système, se manifestant par exemple par de nouveaux partenariats, de nouvelles alliances); et (2) par la possibilité de voir disparaître certains des éléments constitutifs du système, ou les relations qu’ils entretenaient, à travers un mouvement régressif de cloisonnement, de fragmentation, ou de dispersion, produit par la libération de forces antagonistes qui ne seraient plus sous contrôle (expressions de forces potentiellement désorganisatrices, voire destructrices). D’un point de vue rythmologique, les processus de (ré)organisation d’un système se manifestent en fin de compte, par la reconfiguration des interrelations et des processus de régulation qui l’animent (p.ex., transactions sociales, économiques, politiques, intellectuelles) au sein de nouveaux ensembles, de nouvelles formes, qui demeurent en perpétuelles fluctuations, traduisant des « manières de fluer » (Michon, 2005) et un « mouvement » (Sauvanet, 2000) toujours idiosyncratiques et fondamentalement historiques qui caractérisent l’évolution des phénomènes rythmiques.

Crise et complexité: Apports pour le développement d’une intelligence rythmique

Les trois principes proposés par Morin (1976) pour concevoir une théorie des crises renvoient à trois logiques distinctes permettant d’envisager, une théorie complexiviste des rythmes (Alhadeff-Jones, 2018) et plus spécifiquement une approche rythmologique des crises. 

Le principe systémique conduit à s’intéresser aux antagonismes et aux complémentarités qui sont constitutifs d’un système. Dans cette optique, une intelligence rythmique devrait porter en premier lieu sur les phénomènes d’antagonisme et s’en servir comme point de départ d’une analyse visant à identifier des phénomènes rythmiques. Là où il y a antagonisme, il y a potentiellement émergence d’un rythme, et là où il y a rythme, il y a potentiellement antagonisme et complémentarité. L’intelligence rythmique renvoie ainsi à une approche dialogique (Morin, 1990) prenant en considération les tensions, les oppositions, les contradictions, les paradoxes, comme autant de signes d’une configuration rythmique au sein d’un système donné. Cette première perspective contribue également à mettre l’accent sur la dimension structurale des phénomènes rythmiques en s’intéressant aux configurations (structure, motifs, agencement, pattern) (Sauvanet, 2000) qui les organisent.

Le principe cybernétique conduit à s’intéresser à la manière dont un système organisé se sert des antagonismes pour réguler son activité à travers des mécanismes de feedback (renforcement, inhibition). De ce point de vue, une intelligence rythmique devrait porter sur les phénomènes de régulation et s’en servir pour caractériser la nature des phénomènes rythmiques considérés. Ainsi, là où il y a bouclages rétroactifs (feedback), il y a potentiellement rythme actif, et là où il y a rythme actif, il y a potentiellement processus de régulation. L’intelligence rythmique renvoie ainsi à une compréhension des propriétés rétroactives et homéostatiques des systèmes considérés, en tant que résultante de rythmes actifs. Elle permet aussi de mettre en évidence les propriétés régulatrices propres à chaque système, en fonction des rétroactions qui participent à leur équilibration. Cette seconde perspective contribue également à mettre l’accent sur la dimension périodique des rythmes (Sauvanet, 2000), en s’intéressant notamment aux cycles, périodes, fréquences, ou tempi qui caractérisent la répétition de certaines activités organisées.

Finalement, le principe néguentropique place l’accent sur les processus à travers lesquels des antagonismes participent à la régénération ou à la dispersion d’un système organisé. Dans cette perspective, l’exercice d’une intelligence rythmique porte sur les phénomènes de variation, de mutation, de (ré)organisation, voire de transformation, afin de mettre en évidence les fonctions productives et créatrices, ou dissipatives ou destructrices, associées à des phénomènes rythmiques. Ainsi, là où il y a bouclage récursif et réorganisation, il y a potentiellement rythme producteur de complexité, ou de dispersion, et vice versa. L’intelligence rythmique porte ici sur les propriétés récursives et autopoïétiques (auto-productrices) d’un système, en tant que manifestations des phénomènes rythmiques qui participent à sa (ré)organisation. Elle peut permettre d’identifier les propriétés créatrices et génératrices, autant que destructrices et dissipatrices qui lui sont propres, en fonction de la nature des rythmes qui l’animent. Cette dernière approche contribue également à mettre l’accent sur la dimension discontinue et irréversible du mouvement inhérent aux phénomènes rythmiques (Sauvanet, 2000) ainsi qu’à la fluidité des formes qui les caractérisent (Michon, 2005), à leur idiosyncrasie et à leur historicité.


Références

Alhadeff-Jones, M. (2018). Rythmes et paradigme de la complexité: Perspectives moriniennes. In J.-J. Wunenburger, & J. Lamy (Eds.), Rythmanalyse(s) Théories et pratiques du rythme. Ontologie, définitions, variations. Lyon: Jacques André Editeur.

Bachelard, G. (1950). La dialectique de la durée. Paris: PUF.

Barus-Michel, J., Giust-Desprairies, F., & Ridel, L. (1996). Crises. Approche psychosociale clinique. Paris: Desclée de Brouwer.

Michon, P. (2005). Rythmes, pouvoir, mondialisation. Paris : Presses Universitaires de France. 

Morin, E. (1976). Pour une crisologie. Communications, 25(1), 149-163.

Morin, E. (1990). Introduction à la pensée complexe. Paris: ESF.

Sauvanet, P. (2000). Le rythme et la raison (2 vol.) Paris : Kimé.

Roux-Dufort, C. (2000). La gestion de crise. Un enjeu stratégique pour les organisations. Paris: DeBoeck.


Citer cet article: Alhadeff-Jones, M. (2021, mars 22). Crise et complexité: Apports pour le développement d’une intelligence rythmique. Rhythmic Intelligence. http://www.rhythmicintelligence.org/blog/2021/3/22crise-et-complexite-trois-principes